jeudi 14 novembre 2013

Liaison clandestine : chronique d'une rupture annoncée




Hello! Comment ça va? Demain le grand jour ;-)
Aujourd'hui 8:45 
Très mal, on en reparle lundi.
Aujourd'hui 8:47

Ok... tu me fais peur.
Aujourd'hui 9:30


Je ne sais pas ce que tu as à me dire... lundi.

Je ne crains pas le pire pour toi, j'ai déjà été sacrifiée une fois, je le savais dès le départ, je n'ai pas bronché, j'ai serré les dents, je n'avais pas à m'attacher.

La seule chose que je te souhaite c'est que tu t'en sortes apaisé. Je ne te veux que du bien, c'est tout ce que je peux, tout ce que je veux.



Nous deux c'était si simple, devenu si évident. Avant-hier encore :

- Je crois que j'ai rencontré quelqu'un
- Ah oui? Good news
- En fait ça m'arrange... nous deux ça devient trop... chaud... trop dangereux, non?
- Tu l'as dit.... A ton boulot?
- Bah tu sais comment ça se passe, on croise beaucoup de gens, on lance des invits comme çà, y'a toujours des jeux de séduction, et puis... les mêmes délires sur certains trucs, un resto, une soirée... enfin.. tu vois?
- Je peux pas lutter là dessus...  Il a une grosse bite au moins?
- C'que t'es con! Fais pas ton jaloux!
- Tu vas pouvoir le tromper avec moi.
- Enfin!
- Viens-là chaudasse.

Et si lundi c'est fin de l'histoire?
J'ai tellement encaissé ces derniers temps, ce sera peut-être aussi l'occasion pour moi de faire le ménage dans cette partie de ma vie. De me poser... et dire que la dernière fois que j'étais disposée je t'ai racontai comme à la fin il s'est avéré être un parfait pervers narcissique bigame. Je me revois dans ce bar "... trop compliqué pour moi... je peux pas... ça ne m'intéresse pas... " Voilà, celui qui s'annonçait célibataire était en fait mari volage pas assumé.

Alors que toi tu es un #FILF assumé, toi même d'abord parce que tu prends tes précautions et moi ensuite : je m'organise avec la dimension clandestine de la relation. Tu es devenu un vrai sex-friend, je peux annoncer un vague "je vois quelqu'un" c'est moins amoral que "c'est compliqué" (qui indique clairement qu'on sort avec un homme marié what a shame!) et puis ça peut-être pris pour de la minauderie de tourtereaux.

Dans cette complicité qui est née, on se lâche sans gêne parce qu'on n'a pas besoin de tricher, on finit par se comprendre, on voit l'autre comme personne d'autre ne le voit plus, on devine ses instincts avant même qu'il ne se les formule. On a établi notre confort de proximité. On se voit une fois par semaine, et de temps en temps juste pour un verre improvisé "je passe dans ton quartier t'as 5 minutes?". Et toutes nos conversations sur les messageries complètent une connexion enchantée qui te met tout joie, des tourtereaux on vous dit...

J'écris cette histoire maintenant avant de l'oublier. De la ranger dans le tiroir FILF number One end of a story. Tu mérites bien mieux. Tout le monde mérite un amant comme toi, une fois dans sa vie.

On me demandait sur twitter si c'était un fantasme cette conversation. Non, c'est de la fucking amazing IRL.  

Après le presque flagrant délit, tu avais déicidé de tout zapper, sauf moi.

J'ai dû prendre toutes mes précautions de mon côté, toi aussi.

Normalement.

Jusqu'à présent nous avons soigné notre clandestinité, j'ai bloqué mes comptes twitter et réduis mes statuts publics. Tu as effacé mes coordonnées et toutes traces de moi, partout, c'est toujours moi qui te contacte.

Normalement.

Je vais devoir attendre 3 jours pour savoir ce qu'il se passe.

Ce qu'on a fait vendredi dernier c'était croiser une nouvelle frontière.
Ce qu'on a refait mardi c'était pas raisonnable.

C'est la troisième alerte.

Je t'en ai voulu la première fois de m'obliger à préparer un bobard si elle me tombait dessus par hasard... oui par hasard.

La seconde fois je t'ai demandé si je devais craindre pour mon intégrité physique, on ne sait jamais, j'ai hélas tout vu : la réalité dépasse toujours la fiction du vaudeville et Confessions Intimes c'est de l'Harlequin à côté. Sur une opé j'ai vu une morue du public se pointer en menaçant une invitée, ça sentait l'histoire de mecs à plein nez, bingo : la morue lui faisait un plan à la Glenn Close, du genre qu'elle fait mijoter des mois, because Monsieur.

Je n'ose pas imaginer les noms d'oiseaux qui fusent quand elle parle de moi ou des autres, mon Dieu j'espère qu'elle imagine qu'il y en a d'autres... la trahison est moins meurtrière. Je voudrais crier ton nom à la gueule de mes followers râleurs-frustrés : "bande de cons je vais aller passer l'aprem à baiser avec Machin et ça va être monumental et je vais être heureuse pour les jours à venir avec le sourire béât de félicité collé au visage et je vous emmerde".

Tout va très vite pour moi en ce moment, je dois m'adapter sans cesse et tenir bon, surtout à contre courant. Je sais déjà comme tu vas me manquer mais je ne te regretterai pas. Je n'ai pas un instant de mauvais souvenirs avec toi, pas un seul. J'ai juste besoin de me poser aussi, ce sera l'alibi subsidiaire incroyable : tourner la page sur une très belle histoire.

Je suis loin chez moi, loin du bruit et de la fureur, loin de ces scènes de violence verbale que tu supportes mal, loin des menaces et des insultes, loin du manque de respect, loin de la colère désespérée... Comme avec O. je sais que c'est toi qui morfle, c'est aussi toi qui a mis en danger un équilibre dans lequel il était établi que vous vous épanouisseriez jusqu'à... ce que tu recommences à déconner grave.

Et avec les sites tu t'es senti comme un poisson dans l'eau. Une drogue dure en libre accès, tu peux même choisir ton matos. Tu as plongé, les pieds joints, confiant, ivre, à fond, accroc en quelques semaines. Avec les applis de géolocalisation tu m'as raconté comment tu baisais aussi facile que trouver un velib dispo. Comme tu n'es pas affamé, j'ai Madame à la maison à honorer tous les soirs, tu a su dire niet aux vénales qui pullulent sur ces sites : de l'arnaqueuse nigériane à la MILF tapineuse de fin de mois.

Tu as vu de tout, tu t'es fait plaisir à chaque fois. Tu me parlais de ce couple de seniors SM qui t'avaient fasciné mais que tu ne reverras jamais, de cette hystérique qui faisait la pute, de cette mère célib en free style ces weeks end libre. Du glaude aussi tu en as vite croisé, des gangbangs filmés à accès payant si tu veux participer, sans capote tu comprends... des saunas avec des cabines pas privées du tout... des incivilités de bourrins dans des aprem privés. Je devinais que c'était pas ton truc , tu préferes le one-to-one.

Je te racontais mes rencontres, pas le même genre, plus tradi, moins trash avec mon côté old school, ça te faisait marrer, tu sais de quoi je parle, c'est çà qui me plaît chez toi... aussi. A qui d'autre pouvais-je le raconter? On était égaux là-dessus, enfin presque... tu étais le "maqué" de la situation. Tu me parlais forcément d'elle. C'était la tierce personne de notre relation.

Tu as même dit un jour "c'est dommage que je ne puisse pas te présenter ma femme, vous vous entendriez bien."  "Tu déconnes? j'ai demandé tout de suite. Là je sens que ça ne va pas être mais pas du tout possible, les femmes sentent ces choses-là. Et j'ai pas trop envie pour ma part de me tenir à moins de 2 mètres d'elle, excuse-moi chéri mais là, tu déconnes".  

La trahison c'est cette intimité que tu bafoues en te sentant mieux dans les bras d'une autre. Y'a plus rien d'agréable ou de réconfortant à te coller contre ta femme tous les soirs. T'as plus rien à lui dire, le quotidien a tué la curiosité à l'autre. Tu as fini par la trouver banal, quelconque, pas remarquable, pas attachante, pas indispensable. Et puis elle a fini de partager tes délires, les vacances deviennent fatigantes, les week-ends inter-minables.

La trahison c'est d'être égoïste dans ton couple, ta famille, ta vie. Et tu comprends pas la douleur profonde, tu ne voulais faire de mal à personne, juste souffler dans cette course en avant tu sais même plus vers quoi tellement ta vie avec elle n'est devenue qu'une succession d'événements sociaux dont tu ne comprends plus la raison... Ce que tu as trahi c'est un engagement. Qu'il soit licite, vous êtes mariés, ou tacite, vous êtes pacsés ou en union libre, si vous n'avez jamais parlé clairement de la fidélité c'est considéré comme un acquis : il y a promesse d'exclusivité réciproque. C'est la norme.

This is the end... ou ça y ressemble drôlement.

Lundi je saurai.
Lundi j'entendrai que cette fois-ci elle ne t'a pas pardonné.
Lundi tu expliqueras que tu plaques tout pour partir loin là où tu te sais bienvenu.
Lundi nous ne regretterons rien.

Lundi c'est loin.
      

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